Lagor, commune d'environ 2200 hectares, chef-lieu de Canton depuis la Révolution française, est limité au nord en partie par le gave de Pau, les villages d'Arance, d'Abidos et d'Os-Marsillon, au sud par le ruisseau du Laà , le village de Vielleségure et celui de Sauvelade, à l'ouest par les villages de Maslacq et de Lendresse.

Ce que l'on désigne comme le quartier du château était sans doute le premier centre de vie du village, à proximité du gave, dont le passage était relativement facile à Arance et à Lendresse. Sur le dernier côteau prés de Vielleségure, passait la route ancienne, allant d'Orthez à Oloron. Certains points en hauteur de la colline, "la Casterasse", le toron de "Moncaubeig", seront aussi des endroits de refuge, au début pour les bergers. Ensuite des maisons vont se construire en bordure de route, car la construction du monastère de Sauvelade, sera un gage de sécurité

Lagor est une terre dépendant directement du Vicomte de Béarn. Les impôts les plus anciens connus concernaient ceux qui étaient prélevés sur les terres situées entre le gave et le ruisseau du Geü, là où est aujourd'hui le bourg. Au début une source permettait d'avoir de l'eau, c'était la "houn de la carrere" et un puits fut aussi bâti. Situé près du presbytère, il est toujours communal et actuellement en cours de restauration

En l'année 1010, les droits seigneuriaux, sont rétrocédés aux moines du monastère de Lucq. Ils concernaient uniquement les terres placées entre le gave de Pau et le ruisseau le Geü, soit le premier coteau et la plaine en bordure du Gave. A cette époque, de nombreuses guerres opposeront la Vicomté de Dax à celle de Béarn. Le village de Lagor était à la limite, ainsi que Castetis (qui veut dire dernier château). Ces luttes dureront jusqu'en 1194, date à laquelle la région de Salies et d'Orthez sera annexée au Béarn.

Ce ne sera qu'en 1328 que le village de Lagor recevra "les fors de Morlaàs", droits et privilèges identiques aux villes importantes du Béarn et aussi 450 hectares de terres communales soit près du cinquième de la surface de la commune. La population : 112 familles cultivent environ 330 hectares et il y a 650 habitants.

En 1390 Gaston Fébus fait restaurer la palissade, ainsi que les deux ponts-levis des portails fortifiés. Au nord, le château est entouré d'un fossé, au sud d'une palissade avec plusieurs enceintes de pieux, entre lesquels passe le chemin, appelé "chemin de las crèstes", permettant de circuler lorsque les ponts-levis sont levés.

Les deux mottes féodales renforçant les portails, ainsi que le fossé seront vendus entre 1580 et 1600.

Construite vers 1328, la mairie et la halle seront détruites vers 1484, date à laquelle le bourg sera ravagé par un incendie.

Le village est administré à partir de 1328 par quatre Jurats, notables responsables sur leur propre fortune de la collecte de l'impôt, les sept quartiers élisaient un délégué chacun, appelé en béarnais "députât". Les jurats étaient élus par les "députats", qui avaient chacun mandat de leur quartier. Les Jurats étaient remplacés deux par deux, tous les trois ans et obligatoirement un jurat en poste devait être issu d'une famille du hameau.

En 1630 la commune de Lagor a des dettes importantes, sa mairie est saisie et vendue, jusqu'en 1668 elle est le temple des protestants de Lagor.

En 1684 la commune rachète ce bâtiment, qui en 1685 sera détruit sur ordre de l'intendant du Roi. Alors, contre le clocher de l'église, est construit un bâtiment qui servira de mairie et de salle d'école. Lla mairie actuelle sera construite en 1842 sur l'emplacement de la halle et de la mairie détruites en 1685.

Ce sera à partir de 1692, qu'un maire sera désigné par le Roi, son rôle est de diriger les élus municipaux. Le premier sera Pierre Larrabere, bourgeois et médecin de Lagor.

L'église de Lagor, construite au début du 14ème siècle, était entourée d'un fossé, qui sera comblé vers 1600. Cette église était dédiée à Saint-Blaise. Après 1620, elle aura comme patron Saint-Michel.

Lagor, "reculhide", refuge ou château fut aussi "Capdeuil" ou centre de justice et siège d'un notaire pour les villages du bord du gave de Lendresse à Mourenx. Après la révolution sera créé le Canton de Lagor.

 

La maison que l'on appelle "la villa de Pedemont", fut vers 1500 la résidence d'une famille de marchands de Lagor, anoblie après 1658. Un descendant, Pierre de Pedemont, Lieutenant-Colonel, décédé sans enfant, sera en 1748, responsable de la mission en Corse, lors de la seconde intervention française.

 

La population de Lagor en 1328 était de 650 habitants, des épidémies de peste et les guerres de religion la ramèneront à 430 habitants en 1600. En 1690 on aura de nouveau 650 habitants, population qui sera portée en 1817 à 1588 habitants et 323 maisons bâties. Cette forte hausse sur un siècle est due à l'installation de nombreux agriculteurs sur les terres communales qui leur furent vendues et à une culture importante de la vigne. La période de l'industrialisation à partir de 1860 et la destruction de la vigne par le phylloxéra, entraîneront d'importants départs des campagnes vers les villes et feront baisser le nombre d'habitants de la commune à 1148 en l'année 1881..

Ce mouvement sera amplifié par les pertes importantes de la guerre de 1914 à 1918 et ramènera la population à 735 habitants vers 1950, l'exploitation du gisement de gaz de Lacq et l'apport important de nouvelles familles, suite à la construction des "cités de Lagor", nous permettent aujourd'hui de compter 1315 habitants, résidant sur le village de Lagor.

J. Ouerdane