Témoignages

Début de la guerre    La défaite    L'occupation    La résistance
La milice    Les Juifs    Les bombardements    Les évadés




Quelques documents apportés par les élèves (cliquez sur les miniatures pour les agrandir


une photo d'école en 1943


la vie au STO


Résistance

 
Reconnaissance américaine

Le groupe des anciens témoigne...

De gauche à droite : MM Fatigue, Lasbasses, Nébout, Mmes Salabert, Lasbasses.
Manque sur la photo : M. Puissance

  Début de la guerre

 

Monsieur Fatigue

Les premiers sont partis en août. Pour la déclaration de la guerre toutes les cloches ont sonné. J'ai vu partir les jeunes hommes à la guerre, ils avaient 22, 23 ans. Ils partaient s'ils avaient fait les trois années de service militaire.
A cette époque, de chez moi, j'entendais encore les canons et les bombardements qui continuaient en Espagne.

 SéBastien et Alexandre 

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La défaite

Monsieur Nébout

J'ai réalisé la défaite en 1940, au début du mois de juin. Les communications n'étaient pas comme aujourd'hui, on n'était au courant de rien.
On était dans le jardin avec mon père. On a vu arriver un soldat, il s'appelait Labardette. Nous étions étonnés de le voir arriver avec sa musette de militaire et son baluchon. On pensait qu'il était en permission. Il nous a dit :
«C'est la débâcle complète : toute l'armée française est en fuite, il n'y a plus personne qui se bat.»
Mon père qui avait fait la guerre de 14-18 lui a dit :
«En 14, quand les soldats partaient en retraite, les gendarmes les regroupaient et on reconstituait les unités. Ca ne se passe plus comme ça ?
- Ah mon pauvre Emile ! C'est la débâcle complète, je suis parti vers le sud quand j'ai vu ça !»
J'ai vu mon père dans le fond du jardin qui avait les larmes au yeux, j'ai compris que c'était la débâcle.
Les Allemands sont arrivés très vite et fin juin on a entendu que Pétain avait signé l'armistice, on l'a appelé le maréchal de la défaite.
La France a était divisée en deux.
Ce qui m'avait impressionné chez les Allemands c'est qu'ils étaient jeunes et très bien habillés, très disciplinés : c'était une armée très puissante .

Maxime et Sébastien

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L'occupation

 

Madame Salabert

Sous l'occupation, on était très malheureux, ils nous ont pris toutes les bonnes chose qu'on avait.
On nous donnait des tickets pour manger.
On avait droit à tant de pain par mois. Des bonbons il n'y en avait pas, du chocolat non plus.
On avait le droit à un peu d'alimentation mais très peu.

Nous, à la campagne on avait un peu à manger mais nous étions contrôlés, réquisitionnés.
On devait déclarer ce que l'on avait, il fallait donner une partie à l'armée allemande. On avait très peu de choses. On n'avait pas trop de tissu ni de laine.

Nous avions des chaussures à semelles articulées en bois, on nous prenait le linge, on n'avait pas de vélo, ou si l'on avait un vélo, pas de chambre à air !

Les Allemands étaient à Lagor, à côté du presbytère.

Il y avait des fils de fer barbelés sur les routes.

Ils n'étaient pas méchants, ils étaient corrects.
Eux faisaient leurs affaires et nous les nôtres; il y avait le couvre-feu à 8 heures, il ne fallait pas de lumière dans les maisons, il ne fallait pas traîner dans les rues.

Marion et Floriane

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Monsieur Fatigue

Incident à Arthez

J'habitais à Arthez de Béarn, il y avait deux sections d'Allemands, une vingtaine d'hommes jeunes de 18 à 20 ans. Un char d'assaut, quatre side-cars. Il n'y avait pas de ligne de démarcation comme à Lagor. Le couvre-feu c'était partout pareil.

Les marchés d'Orthez n'existaient plus, ils étaient à Arthez de Béarn. C'était le samedi le marché des bestiaux, il y avait peut être 50 têtes de bétail. Ils sont arrivés, je ne sais pas si c'était un ordre ou s'ils se moquaient de nous, ils sont arrivés avec le char d'assaut. Le canon à hauteur de tête d'homme, la tourelle qui tournait, un bruit infernal comme un avion à réaction. Toutes les bêtes se sont cavalées, les gens sont tous rentrés dans les bistrots, tout le monde se cachait, mais ça fait drôlement d'impression : on voyait ce canon qui passait à fleur de tête. Ils se faisait remarquer mais ils étaient très gentils, très polis, très honnêtes, très bien sapés : des bottes très bien cirées, ils étaient nickel.

Avec ce char, ils s'entraînaient sur la plaine d'Arthez. Mais ils ne faisaient pas de dégâts dans les champs.

Ils avaient la gâchette facile.

Barbara F. et Guillaume C.C.

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Monsieur Nébout

Le couvre-feu

C'était vers la fin de la guerre, à 20 heures, il y avait le couvre-feu, on devait être rentrés. Une personne de Monein était sortie, il était 20 heures et quelques minutes, il appelait son chien et la patrouille Allemande passait dans les rues. On a entendu une rafale de mitraillette, les Allemands l'avaient abattu. Ils avaient instauré le couvre-feu à cause des maquisards.


Marion et Eva

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Monsieur Puissance

Le STO

Les jeunes étaient partis pour aller au STO.
STO : travail obligatoire en Allemagne pour travailler dans des fermes et des usines.
Moi j'ai couché avec un camouflé, un petit cousin, j'ai dormi avec Paul Casalis pendant 8 ou 10 mois. Il avait peur. J'ai dormi avec lui : en cas de contrôle, lui, s'il avait entendu quelque chose, il se serait échappé. Si les Allemands étaient arrivés et avaient touché le lit on aurait dit que c'était moi puisqu'on couchait ensemble. C'était bon pour se faire zigouiller : c'était très grave ! Ces gars-là n'avaient pas des cartes d'alimentation. On les faisait vivre avec nos ressources, contre un peu de travail caché. Les Allemands sont partis aussi vite qu'ils sont arrivés. Les camouflés se sont mis dans les FFI.

Floriane et Barbara

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Madame Lasbasses

les Espagnols

Au camp de Gurs, il n'y avait que mon père. On a été séparés d'office à la frontière, hommes et femmes étaient séparés. Ma mère et moi sommes restées 14 mois en Lozère. On avaient des baraques en bois, on ne mangeait pas de bonnes choses et il y avaient beaucoup de mortalité. Les jeunes mouraient de la tuberculose et de dysenterie. Ils auraient voulu que l'on y passe tous. On avait 50 cm de neige au Massif Central. Mon père allait fortifier les côtes, les Allemands savaient qu'il y aurait le débarquement.

Marion et Daigy

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La résistance

Monsieur Nébout

En 1940, on a été vaincus.
Petit à petit, des groupes de résistance se sont mis en place dans toute la France, mais surtout dans les massifs montagneux. La résistance était de plus en plus active. Les Juifs essayaient de passer en Espagne. Ainsi des circuits se sont mis en place pour permettre aux Juifs de quitter la France. Cette résistance s'est manifestée un peu partout dans notre département. Il n'y a pas eu un département où il n'y a eu de massacre de résistants. Il y avait des français qui souhaitaient la victoire des Allemands . Le premier ministre, monsieur Laval, souhaitait la victoire allemande. Chez moi, un docteur français disait que serait souhaitable que les Allemands remportent la guerre. Les collaborateurs étaient assez nombreux : des gens qui étaient pour les Allemands. Il y avait beaucoup de dénonciations. Les pro-allemands surveillaient les autres. Je pense qu'à Lagor comme partout il y eut beaucoup de dénonciations. A Lagor, le chef de poste avait fait ses études en France, il était un pro-français et quand il y avait un problème sur le plan local il étouffait l'affaire.

Florian C. et Valentin G.

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La Milice

 

Monsieur Fatigue

Maquisards et miliciens

A Arthez de Béarn il y avait une équipe de maquisards mais aussi des miliciens. Les miliciens étaient des gens payés par les Allemands : c'étaient des français payés pour dénoncer les jeunes maquisards qui eux étaient cachés dans les forêts et attaquaient les Allemands pendant la nuit par surprise. J'ai connu les FFI  : Forces Françaises Intérieures. Je me souviens d'un groupe, une vraie armée à Arzacq qui, à la débâcle, a tué un Allemand et fait un prisonnier.

Bastien et Florian

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  Les Juifs


Monsieur Nébout

Je ne connais pas de Juifs à Lagor. Les passeurs basques faisaient passer les Juifs directement en Espagne mais aussi beaucoup de juifs passaient de la zone occupée à la zone libre .Des passeurs honnêtes faisaient passer les Juifs directement sans caution .Il y avait aussi des trafiquants. Ils s'emparaient de leurs bagages et les dénonçaient .Des Français se sont comportés comme des malpropres, il ne faut pas croire que tous les français étaient des patriotes pendant la guerre. Il y eut beaucoup de collaborateurs qui souhaitaient la victoire des Allemands et qui étaient anti-Juifs .Il y avait des chansons que l'on chantait un peu partout et qui étaient contre les Juifs .Pendant la guerre l'antisémitisme était flagrant, des millions de juifs ont été massacrés .

Mais nous, ici, nous n'étions au courant de rien.

Sébastien et Maxime

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Monsieur Fatigue

Mon copain

En 43, un gars du coin s'est marié à une Juive. Cette dame elle avait un frère et ce garçon était traqué à Paris. Il est venu à Arthez. Personne ne savait ce qui se passait contre les Juifs, c'est lui qui m'a mis au courant. Il a été mon copain pendant 1 an et demi. Malheureusement je ne me souviens plus de son nom. C'était un gentil garçon, c'était mon ami.

Joanna et Guillaume

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Les bombardements

Monsieur Nébout

J'étais au lycée de Pau. Nous avons eu deux alertes, il s'agissait du bombardement du Pont-Long. C'était un lieu d'entraînement pour l'aviation allemande. C'était des avions qu'on appelait des forteresses volantes qui volaient à haute altitude qui larguaient des bombes. Mais elle ne tombaient pas toujours sur le Pont-Long, souvent à 10, 20 km de l'objectif.

Nous, on se regroupait dans une immense piscine du lycée. Heureusement qu'aucune bombe n'est jamais tombée dans la piscine !

Jade & Roxane

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Les évadés

 

Monsieur Fatigue

Moi j'ai connu des évadés, 2 jeunes hommes, l'un c'était mon propre patron, et l'autre c'était un négociant d'Arthez.

Moi j'ai connu 1 jeune évadé, il s'est évadé 2 fois, la première fois, il a été pris dans un camp de concentration, il s'est évadé une seconde fois, il a traversé le Danube sans savoir nager. Il a vécu avec du chocolat et des graines de tournesol (il n'avait que ça pour vivre). Il est arrivé en Hongrie. A la fin de la guerre, il a été libéré par les Russes qui l'ont pris pour un espion, il est rentré 5 ou 6 mois après les autres.

Mais il est mort très vite. C'était Jacques Lesté.

Louisiane et Eva

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